Historique

La communauté de Tours est l’une des plus anciennes de France. Sa présence en Touraine serait attestée depuis le VIe siècle au moins. Au Moyen-Âge, l’actuelle rue des Maures derrière le Château de Tours s’appelait anciennement « rue de la Juiverie ». Le cimetière de la communauté se trouvait alors, face à l’actuel théâtre municipal. Des Juifs isolés ou organisés en communautés demeuraient à Parçay-Meslay, Ballan-Miré, Cinq-Mars-La-Pile, Mazières, Langeais et Rivarennes. A Chinon vivait une communauté particulièrement active avec une synagogue, un mikvé, un centre d’études avec des tosafoth reconnus. La Bibliothèque Nationale possède un livre de prières de la communauté de Chinon datant du XIIIè siècle ! Aujourd’hui il n’en reste aucune trace. Accusés d’avoir empoisonnés les puits et les fontaines de Chinon, le 27 août 1321, 160 Juifs furent brûlés sur l’île de Tours appelée alors « lîle des Juifs ». A la suite des expulsions du XIVe siècle, les Juifs quittèrent la Touraine.

Quatre siècles plus tard, en 1808 lors de la création du Consistoire Israélite, le préfet constata qu’en Indre et Loire il n’existait aucune famille juive. En septembre 1840, lors d’une nouvelle enquête, le préfet répondit qu’« il n’existe qu’un petit nombre d’Israélites dans mon département ». Deux décennies plus tard, le 29 juillet 1860, six personnes adressèrent une lettre au préfet de Tours, attestant la location d’un local 1, quai foire le roi pour servir d’oratoire. Il s’agit là de l’acte de naissance de la communauté de Tours. Le 20 août 1860  le maire accorda son aval affirmant «je n’ai aucun inconvénient à donner cette autorisation à des citoyens paisibles, pour la plupart commerçants patentés ». La communauté de Tours était née. De 1860 à nos jours, des rabbins ou ministres officiants exercèrent de façon quasi continue parmi lesquels, Charles Brunshwich 1863, Bernard Lévy 1879, Jacques Klein 1880, Isidore Bernstein 1882, Rosenstrass 1887, Jacques Aaron 1888, Nathan Braun 1889, Hirschfeld 1897 et enfin Henri Brauer en 1899. En 1902 fut recruté un jeune ministre officiant Léon Sommer qui exerça son sacerdoce jusqu’à son décès en 1937. Conformément à la loi de la séparation, l’ACIT fut créée en 1906. La nouvelle association réussit à édifier une synagogue grâce au mécène Daniel Iffla dit Daniel Osiris. Construite selon les plans de l’architecte Victor Tondu, la synagogue actuelle fut inaugurée en 1908.

Après la Grande Guerre parvinrent à Tours les premières familles juives étrangères originaires de Turquie et de Salonique. Dans les années 1930, le flot s’intensifia avec l’arrivée des Juifs d’Europe de l’Est parmi lesquels les Polonais de loin les plus nombreux. Pendant la dernière guerre, persécutés par les Nazis et par le régime de Vichy, les Juifs de Tours furent arrêtés et internés au camp de La Lande à Monts. De ce camp et d’autres centres d’internement près de 800 Juifs furent déportés. Trois quarts des membres de la communauté disparurent dans la Shoah. Le petit groupe de rescapés ne se découragea pas, remit en état la synagogue saccagée. La vie communautaire reprit son cours avec la nomination du ministre officiant Pierre Blum, qui demeura à ce poste jusqu’en 1972. Précisons qu’à partir du début des années 1960 l’arrivée des rapatriés d’Algérie et par la suite celle du Maroc et de Tunisie bouleversa la composition socio-religieuse de la communauté.

Désormais à l’instar de la majorité des fidèles, des rabbins séfarades se succèderont, le premier étant Moïse Zerbib. Aujourd’hui, c’est encore environ 200 familles qui animent une communauté de province traditionnelle et familiale.

En 2009, s’est créée l’Association Culturelle Israélite d’Indre et Loire ou ACIIL qui au cours de l’année suivante a permis de célébrer les 150 ans de la communauté juive de Tours. A cette occasion 2010 fut une véritable année de la culture juive qui a vu se succéder conférences et concerts, colloque et exposition. Tout au long de l’année les Tourangeaux ont pu découvrir l’histoire, la culture, la musique et l’art juif dans toutes leurs diversités. Avec le concours du MAHJ de Paris, du département et des prêts privés, l’exposition organisée à l’Hôtel GOUIN, un hôtel particulier du XVe siècle, fut sans conteste l’élément phare de ces manifestations.

En 2011, l’ACIIL a participé aux manifestations d’EUROGUSTO présentant aux 25 000 participants la gastronomie juive. Il s’en est suivi un colloque international et un dîner de gala qui a réuni des représentants de la société civile tourangelle.

            A l’automne 2016, la communauté a célébré le cinquantième anniversaire de NOSTRA AETAE en présence du grand rabbin de France Haïm KORSIA de plusieurs grands rabbins ainsi que des évêques et archevêque. Plus de 400 personnes ont assisté à cette célébration nationale de la fraternité entre Juifs et catholiques.